Inclure dans l’écriture pour plus de mixité dans les métiers
L’écriture inclusive est un des outils favorisant l’inclusion. Son utilisation est déterminante dans la langue de Molière où les termes, et notamment les noms de profession, sont genrés, contrairement à l’usage dans d’autres langues comme l’anglais.
Quand nous lisons « chirurgiens », « développeurs », « musiciens »… quelle représentation de ces personnes avons-nous ? Voyons-nous des hommes ou des femmes à ces postes ? Nous avons des représentations mentales qui lient des noms de fonction à un sexe en particulier. Or, l’écriture inclusive peut contribuer à faire évoluer les représentations.
En expliquant l’écriture inclusive, en ouvrant des voies sur son utilisation et en sensibilisant à ce pourquoi elle existe, nous souhaitons faire avancer le débat. Montrer que, quel que soit le métier, c’est la passion, l’envie et non pas les standards extérieurs ou représentations genrées qui devraient guider nos choix.
A quoi sert l’écriture inclusive ?
Pour ceux et celles qui ne savent pas de quoi il s’agit, vous avez sans doute déjà croisé l’écriture inclusive. Dans des offres d’emploi par exemple (ou dans nos précédents articles 😉 ), « L’écriture inclusive désigne l’ensemble des attentions graphiques et syntaxiques qui permettent d’assurer une égalité de représentations des deux sexes » (source « Manuel d’écriture inclusive » © Mots-Clés) . Sa représentation la plus visible est sans doute le point médian, « · », ce point situé à mi-hauteur, contrairement au point classique situé en bas. Son utilisation, comme dans par exemple informaticien·nes renvoie à des personne travaillant dans l’informatique et permet d’inclure tant les hommes que les femmes.
L’écriture inclusive est utilisée afin de produire des textes n’orientant pas vers un genre précis à cause de biais ou de stéréotypes.
Un des arguments contre l’écriture inclusive souligne que, en voulant inclure aussi bien les hommes que les femmes (exemple : informaticien·ne), un sexe est attribué là où cela n’a pas lieu d’être, ce qui ne se produit pas avec l’utilisation de la forme neutre « informaticien ». Mais peut-on vraiment parler de neutre en français ? Qu’en est-il des stéréotypes et biais inconscients ? A qui pensez-vous en voyant le mot « informaticien » ? Et « informaticien·ne » ? Dans des professions avec une très grande représentation de l’un ou l’autre sexe, l’écriture inclusive donne de la visibilité aussi bien aux hommes qu’aux femmes, et permet à une plus grande diversité de personnes de s’y projeter.
Sous quelles formes ?
L’écriture inclusive prend différentes formes et ne se limite pas à l’utilisation du point médian, qui en est la forme la plus visible mais qui peut être source de prise de position parfois virulente même au sein des équipes, sans parler des défenseurs de la langue française.
En effet, on peut utiliser :
- des termes neutres, comme le mot spécialiste à la place d’expert. On parle alors de termes épicènes, le site de l’Office québécois de la langue française en reprend une liste non-exhaustive.
- la double flexion ou doublet qui revient simplement à utiliser le terme féminin et le terme masculin… Comme de Gaule disait : « Françaises, Français … »
- la reformulation du texte afin de rendre la question obsolète.
Ces solutions et d’autres sont décrite sur le site https://www.relire-et-corriger.net/ecriture-inclusive.
Alors pourquoi utiliser l’écriture inclusive ?
Utiliser l’écriture inclusive est un levier pour changer la vision que nous avons des rôles et professions. Pour que notre cerveau puisse voir, derrière le mot utilisé, une autre image que celle qui s’impose de prime abord derrière un nom masculin. Et ces images s’imposent dès le plus jeune âge, comme cela transparait quand un enfant de 3 ans ne peut imaginer une femme être à bord de son camion de pompiers : “Les pompiers, ce ne sont pas des femmes”.
Oui, nous sommes tous et toutes victimes de nos stéréotypes et biais. L’écriture inclusive est là pour nous montrer la possibilité de présence des femmes dans des métiers souvent attribués au sexe masculin ou d’hommes dans d’autres, plus facilement genrés aux féminins.
Au niveau des descriptifs de métiers ou d’offres d’emploi par exemple, elle permettra à des jeunes femmes ou des jeunes hommes de se projeter plus facilement dans des métiers auxquels ils et elles n’auraient pas directement pensés.
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L’épisode #76 du podcast Les couilles sur la table interroge le principe grammatical du masculin neutre, comme parler de développeurs pour désigner l’ensemble des hommes et des femmes qui travaillent dans la programmation.
Comment utiliser l’écriture inclusive ?
L’écriture inclusive n’est pas une obligation, et généralement, vous trouverez des guides et non des bibles sur internet. L’essentiel étant que le texte écrit soit toujours lisible, tout en gardant en tête, l’importance du choix des mots.
Interface3.Namur utilise l’écriture inclusive dans ses communications et rédactions et nous remarquons que cela devient un réflexe, tant à l’écriture qu’à la lecture. L’utilisation du point médian doit être mesurée, car cela peut poser des problèmes de fluidité du texte, de lisibilité pour des personnes dys par exemple, et donc rendre la lecture plus fastidieuse, avec le risque d’exclure plutôt qu’inclure. Il est nécessaire que d’autres ressources soient mobilisées pour amener un changement des représentations : alternance entre les exemples masculin et féminin, attention apportée aux visuels, présence de pompières dans les modèles réduits de camions des services de secours…
Ce que nous faisons chez Interface3.Namur
Chez Interface3.Namur, nous sommes convaincu·es du besoin de changement de mentalité et de l’utilité d’avoir des communications et des visuels inclusifs. C’est pourquoi nous utilisons l’écriture inclusive pour que chacun et chacune puisse se sentir libre de choisir son métier loin des stéréotypes de genre.
Finalement, nous avons peut-être la chance en français d’avoir cette non-neutralité des noms de professions. De cette façon, en utilisant l’écriture inclusive, nous « forçons » le cerveau à imaginer d’autres possibilités que celles dictées par nos biais.
Si vous voulez utiliser l’écriture inclusive sur votre site Web
La consultante en communication inclusive Charlotte Marti s’est demandé, en juillet 2022, quelle différence cela ferait de rechercher des métiers sous leur forme masculine, féminine ou en écriture inclusive sur internet via un moteur de recherche.
Entre les formes féminines et les formes masculines de métiers, comme développeuse, rédacteur… les formulations masculines ont la préférence des personnes qui émettent les recherches. Les formes inclusives sont tellement peu utilisées qu’elles n’apparaissent même pas dans les chiffres du nombre de recherche. Les mots-clés avec un point médian renvoient quant à eux le plus souvent vers des offres d’emploi.
Il faut dire que la complétion automatique de la plupart des moteurs de recherche propose uniquement la forme masculine. Proposer les deux formes pourrait être une solution. Serait-ce si difficile à mettre en place par les développeurs et développeuses ?
Dans un autre article, Charlotte Marti revient également sur le choix des mots-clés qui serviront de référencement et de l’importance ou non d’utiliser l’écriture inclusive dans ce cas.
Même si elle déconseille l’utilisation de l’écriture inclusive avec le point médian pour le référencement, utiliser les mots épicènes peut enrichir le champ sémantique du contenu (et donc permettre un meilleur référencement). De plus, l’utilisation de l’écriture inclusive (que ce soit à l’aide du point médian ou autre) dans le contenu de votre page, hors titre, permettra de montrer votre envie de créer du contenu inclusif.